
Levé 7h00.
Tûûût tûûût !! Après une nuit de cauchemars, de sursauts et de douleurs, c'est parti pour affronter le vent, le froid, la pluie, le bus. J'arrive à Bichat, l'hôpital est désert. Je suis reçu par une infirmière qui se "souvient de moi". Elle n'ose pas me toucher, ce qui va poser un problème pour changer le pansement. Elle regarde l'attèlle longuement. Elle réfléchit (je présume). Et là, bingo ! une idée lumineuse a germé dans son esprit : "Je vais appeler ma collègue". Et là mesdames et messieurs, voilà LA collègue. "Je me souviens de vous" dit-elle. Tiens, il s'agit sans doute d'une expression type. Elle regarde l'attèlle et m'annonce solennellement : "ne bougez pas monsieur, on réfléchit". Le temps n'a plus de frontières. Soudain, l'infirmère n°2 agit et parvient à me parler sur ce ton de reproche, familier à bon nombre d'infirmières tandis que l'autre, tremblante, m'arrache le vieux pansement et remet maladroitement l'attèlle. L'infirmière n°2, que je nommerai Isabelle, puisque c'est son prénom, après un petit affrontement verbal entre nous, décide de m'aider. Alleluhia ! Expédié illico à la radio, tandis qu'elle bip le docteur pour être reçu dans l'heure, mon cas va être traité dans la plus grande rapidité qu'ai jamais connu cet hôpital. Finalement ma critique ouverte avec ironie du fonctionnement de l'administration auprès de cet brave femme, lui a révélé un coeur patriotique envers ses congénères. Il suffit ! Bichat se relèvera de ses cendres et surtout de son mutisme par la force d'Isabelle, infirmière du service orthopédie. On applaudit. Je suis accueilli par la radiologiste et je pense "tiens, j'me souviens d'elle". C'est contagieux.
Je suis envoyé au 15eme étage accompagné d'une interne (ils les recrutent à 12 ans maintenant ?) où je retrouve la "doctoresse". C'est entouré d'un cortège de jeunes internes qu'elle traitera mon cas. Ca fait très pro. Très Clinique de la forêt noire. "L'os n'a pas bougé...mais... mais... bon... heu... mais... Double dose de calmants, immobilité totale", conclue-t-elle sur un ton angoissé, limite hystérique et pas rassurant du tout. Surtout quand elle ajoute que l'on sera fixé sur mon état dans six semaines ! Je repars après que les internes m'aient aidé à ranger mes affaires en gloussant. Je fais un crochet pour aller remercier une dernière fois la sous commandant Marcos du service Orthopédie : l'infirmière Isabelle. Glorifiée par sa matinée, elle me sourit dignement.
En rentrant j'observe les radios : c'est toujours complètement pété. Faudra que je vous montre ça, c'est assez impressionnant.
P.S. : j'ai beaucoup aimé les différents commentaires reçus depuis hier, entre les offusqués et les supporters.