mardi, février 28, 2006



Quelle grande nouvelle que j'apprends là ! Le petit troquet chez Camille, a réouvert ses portes ! Ouf, tous les supers-amis qui ne se voyaient plus depuis deux mois et touchaient au désespoir pourront se retrouver. Me voilà rassuré. Fini les coups de fils pour se retrouver nulle part ! Ah bon, personne ne s'appelait ? Comme c'est curieux. Enfin revenons à des choses plus intéressantes. La grande inovation de ma vie : le thé. Je me risque à cette boisson que j'ai toujours trouvée infecte. Depuis bientôt trois jours je fais des essais de dosage avec le "thé des rois". Ca sent le chewing gum à la chlorophylle, mais ça va encore. Pour la couleur on reviendra. En instaurant le tea break, je me transforme en anglais en quelque sorte. Que d'aventures n'est-ce pas ? Et quelle misère... réduit à boire du thé.
A part ça vous avez vu, mon attelle a été remise différemment. Si, si, c'est le genre de détail qui a son importance dans la vie d'un immobilisé...

Levé 7h00.
Tûûût tûûût !! Après une nuit de cauchemars, de sursauts et de douleurs, c'est parti pour affronter le vent, le froid, la pluie, le bus. J'arrive à Bichat, l'hôpital est désert. Je suis reçu par une infirmière qui se "souvient de moi". Elle n'ose pas me toucher, ce qui va poser un problème pour changer le pansement. Elle regarde l'attèlle longuement. Elle réfléchit (je présume). Et là, bingo ! une idée lumineuse a germé dans son esprit : "Je vais appeler ma collègue". Et là mesdames et messieurs, voilà LA collègue. "Je me souviens de vous" dit-elle. Tiens, il s'agit sans doute d'une expression type. Elle regarde l'attèlle et m'annonce solennellement : "ne bougez pas monsieur, on réfléchit". Le temps n'a plus de frontières. Soudain, l'infirmère n°2 agit et parvient à me parler sur ce ton de reproche, familier à bon nombre d'infirmières tandis que l'autre, tremblante, m'arrache le vieux pansement et remet maladroitement l'attèlle. L'infirmière n°2, que je nommerai Isabelle, puisque c'est son prénom, après un petit affrontement verbal entre nous, décide de m'aider. Alleluhia ! Expédié illico à la radio, tandis qu'elle bip le docteur pour être reçu dans l'heure, mon cas va être traité dans la plus grande rapidité qu'ai jamais connu cet hôpital. Finalement ma critique ouverte avec ironie du fonctionnement de l'administration auprès de cet brave femme, lui a révélé un coeur patriotique envers ses congénères. Il suffit ! Bichat se relèvera de ses cendres et surtout de son mutisme par la force d'Isabelle, infirmière du service orthopédie. On applaudit. Je suis accueilli par la radiologiste et je pense "tiens, j'me souviens d'elle". C'est contagieux.
Je suis envoyé au 15eme étage accompagné d'une interne (ils les recrutent à 12 ans maintenant ?) où je retrouve la "doctoresse". C'est entouré d'un cortège de jeunes internes qu'elle traitera mon cas. Ca fait très pro. Très Clinique de la forêt noire. "L'os n'a pas bougé...mais... mais... bon... heu... mais... Double dose de calmants, immobilité totale", conclue-t-elle sur un ton angoissé, limite hystérique et pas rassurant du tout. Surtout quand elle ajoute que l'on sera fixé sur mon état dans six semaines ! Je repars après que les internes m'aient aidé à ranger mes affaires en gloussant. Je fais un crochet pour aller remercier une dernière fois la sous commandant Marcos du service Orthopédie : l'infirmière Isabelle. Glorifiée par sa matinée, elle me sourit dignement.
En rentrant j'observe les radios : c'est toujours complètement pété. Faudra que je vous montre ça, c'est assez impressionnant.
P.S. : j'ai beaucoup aimé les différents commentaires reçus depuis hier, entre les offusqués et les supporters.

lundi, février 27, 2006


Fin de journée. je suis parvenu à passer à peu près tous les appels qui traînaient. J'ai beau n'avoir rien à faire, il y a des priorités dont je me passerai volontier. C'est surtout appeler l'hôpital qui est pénible. On vous renvoie d'un service à l'autre avec la mise en attente et surtout cette musique pathétique : à Bichat c'est un opéra où l'on a droit aux hurlements mélodieux d'une cantatrice quelconque. Non que je critique l'opéra et le style de chant, mais au travers d'un écouteur de téléphone c'est franchement insupportable. Et les secrétaires... aaah les secrétaires, pourquoi faut-il qu'elles entrent dans le format de la caricature. Entre la bêtise et l'agacement et ce côté propre aux hôpitaux à se vouloir donneur de leçon... complètement à côté de leurs pompes. Déjà à Orléans la Source -hôpital déconseillé à ceux qui aime la vie- elles s'adressaient à moi à la troisième personne du singulier... "il fini pas son assiette ?" ou encore plus impersonnel et tellement délicieux : "on va enlever le pantalon pour faire dodo ?". Connasses. A Bichat la créature mollusculaire au bout du fil me dit de venir directement et immédiatement m'adresser à ma "doctoresse" (quel dynamisme !) pour me préciser au bout de cinq minutes que celle-ci est présente uniquement le matin. Il est 15h00. J'adore. La douleur et l'inquiétude suscitée n'entrent pas en compte dans ce genre de conversation. Quoiqu'il en soit j'irai faire un tour à l'hosto demain matin histoire de changer mon pansement... aucune indication depuis la dernière visite, soit 10 jours... il doit être frais le pansement, sans parler de la cicatrice. Avec un peu de chance j'éviterai la gangrène. Consultation entre 8h00 et 9h00 avec Bichat, l'avenir appartient à ceux qui se lève tôt !



hello,
me revoilà après une courte nuit d'insomniaque. J'ai passé la soirée du dimanche sur internet, ça occupe pas mal, toutes ces discussions avec les proches éloignés. J'ai fait la découverte du système audio, avec tout une bande de potes et family qui s'adresse à vous depuis leur lointain chez eux. Quel bordel d'entendre leur voix dans mon PC ! Puis ce fut le tour d'une copine, sans le son cette fois mais avec l'image. Vous trouvez ça passionnant ce que je raconte, mais dites-vous bien que si un jour vous êtes bloqués chez vous, vous y penserez à cette technologie...
Le dimanche fut plutôt morne. Peu de coups de fil, pas de visite. J'adore les "proches" qui vous disent "on s'appelle pour se voir plus tard", mais qui resteront injoignable de toute la journée ! Méprisable attitude que cette bienveillance mal placée, qui vous fait découvrir le vrai fond de vos anciennes connaissances. Je dis ancienne parce que plus le temps passe et plus je me rend compte des disfonctionnements amicaux. Entre maladresse des uns, égoïsme et fausseté des autres, il est dur d'avoir un jugement sans s'emporter. Beaucoup de déception en tout cas. Je m'aperçois à quel point la superficialité est l'adage de mes congénères. Congénères n'étant plus le mot à employer d'ailleurs. Va y avoir un coup de table- rase. "On ne se voit plus" diront-les uns, "téléphonez-vous" répondrais-je.
Enfin voilà, c'est pas bien grave tout ça, finalement l'accident me fait repartir sur de nouvelles bases. Je finirai peut-être seul, comme l'avait préconisé une ex, mais je saurai ce que je veux et qui je côtoie. A part ça aujourd'hui je suis de bonne humeur. Je n'ai pas encore appelé l'hôpital.

dimanche, février 26, 2006


Salut tout le monde
Je ne sais pas qui est ce tout le monde mais j'ai l'impression de m'adresser à beaucoup de gens et ça c'est bon pour mon cerveau malade. Il ne se passe pas grand chose en ce dimanche hivernal. Le froid m'inculque des envies de soleil et la cité grise me pousse à voyager vers les vastes océans. Quel lyrisme. Tu parles, je suis bel et bien coincé chez moi avec une minerve à la con et ce satané bras en écharpe toujours douloureux. A ce propos le dernier voyage aventureux que j'ai pu faire c'est bien la traversée d'une fenêtre de voiture dans le brouillard de la beauce en gatinais ! Réjouissant souvenir s'il en est ! Je me retrouve enfermé chez moi à tenter de trouver des occupations. Evidemment au bout de trois semaines c'est pas facile de se motiver. On tourne vite en rond, pétage de plombs garanti. D'où l'idée de ce blog passionnant. il va pouvoir occuper mon temps au moins dix minutes par jours (en cas de régularité de ma part) dans la mesure où j'en suis réduit à écrire d'une main. En fait, soyons clair, il s'agit d'une démarche purement égoïste. Mais j'en ai des choses à raconter !